La sainte béquille

Conserver des § pour ne pas oublier. Paule Salomon, La sainte folie du couple. Ne pas l'assimiler à une parole d'évangile mais juste comme une sorte de pansement.

p179 A propos de la femme éclairée, ou la femme penchée.

"Elles ne s'intéressent guère à des hommes stables et fiables qui porraient les aimer. Ceux-là, elles ne les voient pas. Ce sont les cas extrèmes qui les intéressent, ceux qui sont piégés dans une passion : l'alcool, le jeu, l'ambition, etc.; et qui n'auront qu'une très faible énergie à leur consacrer. Elles peuvent ainsi reproduire une situation qui vient souvent de l'enfance, situation dans laquelle les besoins affectifs n'étaient pas vraiment satisfaits. Comme elles choisissent un homme peu disponible, elles sont prêtes à tous les sacrifices pour le conquérir et le garder. Elles se considèrent comme responsables de la relation et se sentent toujours coupables des échecs. Ells déguisent en dévouement et en amour un besoin de contrôler l'autre étroitement. Elles existent quand elles peuvent investir sur quelqu'un leur capacité à entourer l'autre et parfois à le sauver. Ces soumises volontaires cherchent à contrôler, à dominer à leur manière. En réalité il ne s'agit guère d'amour, on pourrait parler plutôt d'une attraction irrésistible, d'un besoin de l'autre en réponse à une blessure initiale qui a structuré un certain type de psychisme. Chez certaines femmes il s'agit d'une véritable névrose (...).Je ne suis pas digne d'être aimée, j'ai de grands besoins d'amour, je me sens vide. Papa, malgré tous mes efforts, ne m'a jamais beaucoup regardée, il faut que je me rende indispensable, que j'achète en quelque sorte cet amour par mon infinie complaisance, par mon dévouement. Celle qui reste à la maison et qui est soutenue matériellement peut même avoir l'impression qu'elle n'en fait jamais assez, qu'elle est corvéable à merci. (...). Cet esclavage extérieur se double d'un esclavage intérieur." Bref, la faute au papa!

p197 Soyons vulnérables

Parmi les nombreux aspects, identités ou personnalités que nous abritons en nous il y a l'enfant intérieur qui est comme un noyau central. Devenir adulte c'est sortir de l'enfance, de la dépendance des comportements, ne pas avoir de comptes à rendre et surtout pouvoir se passer de l'approbation des parents et de tout substitut parental extérieur. Beaucoup d'êtres ne deviennent jamais adultes car au fond d'eux-mêmes ils cherchent à faire plaisir, à obéir, à être approuvés. (...) Pourtant il existe en chacun un enfant merveilleux qui a toutes sortes de visages, ludique, malicieux, rieur, facétieux, gourmand, aimant, qui prend plaisir à tout. Plus un être est véritablement adulte, plus il peut laisser surgir cet enfant et le protéger par des parents intérieurs. Plus un être est incomplètement adulte ou véritablement infantile intérieurement, moins il osera laisser vivre à l'extérieur cet enfant. (...) L'aspect le plus refoulé de l'enfant est sa vulnérabilité. Toutes les règles sociales nous poussent à mettre en avant nos aspects brillants mais nous avons aussi besoin de nous avouer et d'avouer aux autres que nous sommes fatigués, ou anxieux, ou malheureux, ou indécis... La relation d'intimité amoureuse a également ce rôle de permettre à l'enfant tendre, joueur mais aussi vulnérable, de se montrer et d'échanger. Deux êtres qui s'aiment sont deux êtres qui mettent en contact leurs enfants intérieurs, qui ouvrent leur confiance." Ce qui signifie en clair qu'il ne m'a pas aimé, j'en sais rien.